Les
huiles essentielles, leur culture, leur
histoire Auteur : Michel Bontemps
Découvrez tout d'abord comment s'obtiennent
les huiles essentielles, et à quelle longue
histoire elles appartiennent.
Des siècles se sont passés, où les plus
prestigieuses civilisations ont utilisé
les plantes aromatiques et appris le délicat
procédé d'extraction des huiles essentielles.
Suivez leurs pas, jusqu'à l'aromathérapie
moderne, telle que vous la connaissez
aujourd'hui.
Qu'est-ce qu'une
huile essentielle ?
Une huile essentielle est l'essence
volatile et odorante extraite de plantes
aromatiques par la distillation à la vapeur
d'eau ou par expression à froid. Les
plantes aromatiques sont parmi les plus
sophistiquées du règne végétal : les seules
capables de synthétiser leur essence.
Elles représentent seulement 10% des 800000
espèces végétales.
L'expression à froid ou extraction mécanique
concerne les agrumes, dont on gratte l'enveloppe
pour recueillir l'huile contenue à la
surface de l'écorce. La distillation à
la vapeur d'eau est le procédé à la fois
le plus ancien et celui qui reste le mieux
adapté à l'extraction des molécules aromatiques,
surtout si elles doivent être utilisées
à des fins thérapeutiques.
Pour être distillées, les plantes sont
mises dans un alambic. Sous l'effet du
feu, l'eau s'y transforme en vapeur. La
vapeur passe à travers les plantes, se
volatilise en entraînant les molécules
aromatiques, puis se condense à nouveau
dans le serpentin réfrigérant. A la sortie
de l'alambic, un essencier ou vase florentin
sépare l'huile essentielle - qui flotte
à la surface - de l'eau de distillation,
c'est-à-dire l'hydrolat, plus connu sous
le nom d'eau florale !
La distillation en huile essentielle varie
en proportion selon la plante. Ainsi,
pour 100 kg de plantes, vous obtiendrez
3 kg d'huiles essentielles d'eucalyptus
ou de pin, mais seulement 500 g d'huile
essentielle de genièvre, ou 200 g de pin.
C'est pour cela que le prix des huiles
essentielles peut varier. La plus onéreuse
de toutes est l'huile de néroli : pour
en obtenir 1 kg, il faut à peu près une
tonne de fleurs d'oranger !
Les plantes sont généreuses et nous offrent
leurs bienfaits de plusieurs façons. Mais
attention ! La plante n'a pas les mêmes
vertus que son huile essentielle. L'essence
change après distillation, et n'a plus
les mêmes composants que la plante dont
elle est issue. Utiliser l'eau florale,
ou absorber la plante sous forme d'infusion
n'aura pas les mêmes effets qu'une goutte
d'huile essentielle du même nom.
L'huile essentielle est la quintessence
d'une plante, un concentré de principes
actifs. Chaque huile essentielle comporte
ses spécificités, mais elles partagent
toutes de puissantes propriétés antiseptiques.
Ainsi que la capacité de traverser la
peau et pénétrer très vite dans le système
sanguin, pour imprégner vos organes.
Pour preuve, faites un petit test !
Appliquez quelques gouttes d'huile essentielle
d'eucalyptus sur la plante de vos pieds.
Patientez une demi-heure puis soufflez
dans le visage d'un proche parent. Celui-ci
confirmera l'odeur si fraîche de votre
haleine ! C'est donc dire leur vitesse
de pénétration, et de circulation.
Elles peuvent être tout autant inhalées
par la voie respiratoire et par les poumons,
qui les distribueront de même dans le
flux sanguin.
Précaution : seules les huiles
essentielles naturelles ont des propriétés
thérapeutiques. Les huiles essentielles
artificielles, totalement chimiques, ne
sont utiles qu'en parfumerie, en droguerie
ou en industrie.
Veillez toujours à ce que les huiles essentielles
que vous utilisez soient rigoureusement
contrôlées, et complètes : elles ne doivent
pas être déterpénées, et être pures. Une
huile essentielle de bonne qualité doit
être produite par distillation à la vapeur
d'eau ou par pression à froid, et non
par solvant ; provenir de la production
de l'année ; donner l'appellation de la
plante d'origine, avec son nom latin ;
être " chémotypée " : sa spécificité biochimique
analysée selon l'époque et le lieu de
récolte.
Histoire des huiles essentielles
Les premières traces d'utilisation de
l'aromathérapie remontent à plus de trente
mille ans. Les aborigènes d'Australie,
au moyen de la fumigation, étaient de
grands utilisateurs de tea tree (arbre
à thé) ou encore Melaleuca alternifolia,
une huile essentielle aujourd'hui très
prometteuse sur les plans antibactérien,
antiviral, antiparasitaire et antifongique.
Un alambic en terre cuite retrouvé au
Pakistan date d'il y a 7000 ans. Les témoignages
les plus anciens concernant l'obtention
de produits naturels sont contenus dans
les livres sanscrits des Ayurvedas. La
médecine ayurvédique utilise en grande
part les plantes aromatiques. Les Hindous
connaissaient la fermentation, en tiraient
des produits par distillation comme les
essences de calamus et d'andropogon, même
s'il s'agissait de solutions alcooliques.
Aux Indes, les eaux aromatiques et les
parfums étaient largement utilisés, aussi
bien lors des sacrifices religieux que
pour assainir le corps, l'esprit ou l'habitat,
ou bien en bains aromatiques et en massages.
La Chine est aussi un autre berceau
de l'utilisation des plantes et de leurs
essences pour guérir. Le Pen Tsao, premier
ouvrage médicinal datant du 3e millénaire
avant J.C., relate l'emploi d'une centaine
de plantes telles que l'anis, le curcuma,
la cannelle, le gingembre.
Les Egyptiens et les Perses étaient
experts dans l'art de la distillation.
Pour preuve des inscriptions retrouvées,
datant de 4000 ans en Mésopotamie et des
écrits égyptiens datant de 3500 ans.
Les Égyptiens obtenaient des huiles essentielles
en pressant des plantes. Ils isolaient
les parfums, connaissaient l'essence de
térébenthine, issue de la résine du "
Pistacia terebenthus " : sans doute la
première huile essentielle extraite par
distillation sèche.
Les Égyptiens ont créé les arômes pour
leur usage personnel ainsi que pour les
rituels et les cérémonies dans les temples
et les pyramides. Les propriétés antiseptiques
des huiles essentielles étaient notamment
mises à profit pour l'embaumement et la
conservation des momies, ainsi que pour
la diffusion ou fumigation, pour la fabrication
d'onguents...
D'après les plus anciennes données historiques,
des substances balsamiques aux propriétés
aromatiques étaient utilisées dans leurs
préparations médicinales. Les huiles précieuses
d'encens, de myrrhe, de galbanum, de romarin,
d'hysope, de casse, de cannelle, et de
nard étaient abondamment utilisées pour
donner l'onction et les soins aux malades.
Le papyrus Ebers, découvert en 1817, et
datant de 1500 ans avant Jésus-Christ,
était appelé le " parchemin médicinal
". Il mentionnait plus de 800 prescriptions
et remèdes à base de plantes.
D'autres parchemins indiquent que les
Égyptiens avaient un taux élevé de succès
dans le traitement de 81 maladies différentes.
Dans la Bible, il existe plus d'une centaine
de références aux substances aromatiques.
Les prophètes bibliques paraissent avoir
admis que les huiles essentielles protégeaient
leur corps de la maladie. Les rois mages
apportent à l'enfant Jésus les précieuses
substances d'encens et de myrrhe…
Les Grecs firent grand cas des
" huiles à parfum " et s'en servaient
pour guérir. Lors de l'épidémie de peste
à Athènes, Hippocrate (377 av. J.-C.)
père de la médecine, prescrit des grands
feux de genévrier, de cèdre, de bois odoriférants
et de plantes aromatiques. Au 1er siècle
de notre ère, Discoride, médecin grec
d'Asie Mineure, écrit l'ouvrage " Au sujet
de la Matière Médicale ", évoquant les
usages médicaux des eaux distillées, qui
recense pas moins de 519 espèces de plantes.
Hippocrate rassemblera ensuite toutes
les connaissances médicales de l'époque
dans son œuvre capitale, où il préconise
de soigner en favorisant les forces naturelles
d'autoguérison et l'utilisation des aromates
dans l'alimentation et en médecine.
Les Romains, grands utilisateurs de parfums,
utilisaient les aromates sous forme de
graisse aromatique ou huile parfumée.
Ils connaissaient les propriétés antibactériennes
et antiseptiques des plantes aromatiques
qu'ils cultivaient. Lors de la grande
épidémie de peste, Esculape aurait conseillé
de pratiquer des fumigations de plantes
à essences comme le romarin, le laurier,
la sauge, la cannelle, la girofle.
Les civilisations avancées des Aztèques,
Mayas et Incas connaissaient l'emploi
des drogues végétales aromatiques : baume
de styrax, de copaïba, de sassafras qu'ils
utilisaient en l'état pour guérir infections
et plaies.
L'Aromathérapie "moderne" provient
directement du monde arabe où les savants
commencèrent à distiller les plantes à
la vapeur d'eau. Le grand savant Avicenne
met au point l'alambic autour de l'an
1000. Les Arabes, grands utilisateurs
d'alchimie et de médecine à partir de
sources naturelles, ont donc inventé au
Haut Moyen-Age, le serpentin permettant
de perfectionner la réfrigération du produit
distillé et les techniques de distillation.
Les premiers documents sur l'histoire
de la distillation remontent aux écrits
de Geber (Dschabir) au IXe siècle, qui
donnent la description de la distillation
sèche et de la distillation aqueuse. Le
peuple arabe de l'Antiquité a commencé
à étudier les propriétés chimiques des
huiles essentielles. Ils extrayaient l'huile
de rose et l'eau de rose, très populaires
au Moyen-Orient à cette époque. Les rois
troquaient des terres, de l'or, et des
esclaves en échange d'huiles extraites
de façon rudimentaire, qui avaient plus
de valeur que l'or.
Ce n'est qu'au XIIIème siècle que l'aromathérapie
arrive en Europe. De retour des croisades,
les chevaliers ramènent l'invention de
l'alambic à la vapeur d'eau ainsi que
l'utilisation des huiles essentielles.
A cette époque, les pharmaciens se nomment
"aromatherii".
Au XIIIème siècle, Arnold Villanova
de Bachuone donne, avec la térébenthine
et le romarin, la première description
sérieuse de distillation d'huiles essentielles.
Raymond Lulle fournit une description
minutieuse de la distillation pour la
Sauge. A la même époque réussit la distillation
des huiles essentielles d'amandes amères,
de rue, de cannelle, de rose et de santal.
Mais il s'agissait en fait d'eaux distillées
aromatiques. À cette époque les plantes
étant préalablement macérées dans l'eau
de vie ou mises à fermenter dans l'eau.
À cause de la présence d'alcool, la séparation
des huiles essentielles ne se produisait
pas et l'on obtenait des eaux distillées
aromatiques.
Au XIVème siècle, les appareils distillatoires évoluent et font leur apparition dans
les laboratoires médicaux et alchimiques.
Seule l'huile de térébenthine représente
une véritable huile essentielle. A la
fin du XVème, un médecin de Strasbourg,
Jérôme Brunschwig, ne mentionne que les
huiles d'aspic, de térébenthine, de bois
de genévrier et de romarin. Le but des
distillations était l'obtention des Quintae
essentiae. Mais tous ces distillats étaient
fortement alcoolisés et l'on n'avait encore
aucune notion des huiles essentielles.
Après bien des ouvrages sur l'art de la
distillation il faut attendre le "Liber
de distillatione" écrit par Giovanni Battista
della Porta en 1563, où il fait la distinction
des huiles grasses, des huiles essentielles
et la manière de séparer les essences
des eaux distillées aromatiques.
Ce n'est qu'au cours des XVIe et XVIIe
siècles que les huiles essentielles ont
reçu leurs premières applications en tant
que telles et leur introduction dans le
commerce. En Provence en particulier,
apothicaires et herboristes prescrivent
peu à peu les huiles essentielles de lavande,
de thym, de romarin.
A la fin du XIXème, avec l'avènement
de la chimie organique, les essences livrent
peu à peu leurs secrets : elles sont le
mélange de nombreux composants, terpènes,
alcools, esters, aldéhydes, cétones, phénols...
En 1918, René-Maurice Gattefossé, véritable père de l'aromathérapie moderne
- il lui donne son nom-, chimiste et parfumeur,
se brûle la main lors d'une explosion
dans son laboratoire. Il a le réflexe
de plonger sa main dans un récipient contenant
de l'huile essentielle de lavande vraie.
Le soulagement est immédiat et la guérison
de la plaie ainsi que sa cicatrisation
sont d'une rapidité déconcertante. Face
à ce résultat surprenant, il se consacre
à l'étude antibactérienne des huiles essentielles.
En 1929, Sévelinge, pharmacien, se consacre
à l'étude des huiles essentielles en médecine
vétérinaire et confirme les travaux de
Gattefossé.
En 1964, le Dr Jean Valnet, auteur
d'une vulgarisation importante, relance
l'usage médicinal des huiles essentielles.
Paul Duraffourd invente l'aromatogramme,
Christian Duraffourd et Jean-Claude Lapraz
prendront le relais. Ces spécialistes
en phytothérapie et en aromathérapie vont
concevoir des préparations magistrales
à base d'huiles essentielles, un ensemble
thérapeutique capable de soulager voire
de guérir.
Blog
de Michel Bontemps
phytothérapeute et journaliste
Le blog du célèbre chroniqueur
de l’émission Matin Bonheur sur France 2
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